Marie Garnier
Présentation
“Le G5 passe la trentaine” plonge le lecteur au cœur de l’amitié inébranlable de cinq femmes, Stéfy, Eva, Charlie, Rita et Julie, qui se sont rencontrées à l’école primaire et ont traversé ensemble les affres de l’enfance, de l’adolescence et de l’âge adulte. Vingt ans plus tard, elles se retrouvent pour naviguer dans les tumultes de la vie des trentenaires, entre bonheur, doutes, désillusions et secrets.
Au fil des pages, “Le G5 passe la trentaine” explore les différentes facettes de la vie de ces femmes, révélant les hauts et les bas de leur existence. Entre les mariages, les trahisons et les remises en question, leur amitié demeure leur roc, leur refuge dans les tempêtes de la vie. Elles se soutiennent mutuellement, partagent leurs joies et leurs peines, s’encourageant à poursuivre leurs rêves et à trouver le bonheur qui leur semble échapper.
À travers des moments de complicité, de rires, de larmes et de réflexions profondes, le lecteur est plongé dans l’intimité de ces femmes, découvrant leurs forces, leurs faiblesses et leurs luttes intérieures. “Le G5 passe la trentaine” est un roman aussi amusant que poignant et qui explore les complexités de l’amitié, de l’amour et de la quête de soi à travers les yeux de cinq femmes extraordinaires qui ont su rester unies malgré les épreuves du temps.
Marie Garnier a écrit Le G5 passe la trentaine à la suite du départ d’une amie partie rejoindre les étoiles, ses étoiles, parties elles aussi trop tôt. L’amour et l’amitié étant son oxygène, elle les met en avant dans ses écrits, avec humour, légèreté et sincérité.
BONUS !
Le cycle de la vie par Marie Garnier
Un vent frais se glisse sous le porche de la maison. Il est encore tôt, mais Anna souhaite profiter de la journée qui commence. Sa journée. Aujourd’hui, elle a 15 ans. Elle est emmitouflée dans son plaid noir et blanc. Il va faire beau. C’est ce qu’a annoncé Monsieur météo, hier soir. Les couleurs sont fabuleuses. On a presque l’impression que le soleil brûle et que les flammes dansent et se mêlent à l’horizon. Anna profite de cet instant paisible où la nature s’éveille et que la vie reprend doucement.
Sa grand-mère, Patty, l’a invité cet après-midi pour déguster de bonnes crêpes au chocolat agrémentées d’un nid de chantilly. Anna passe beaucoup de temps avec sa Mamina, comme elle l’appelle. Elles sont comme les doigts de la main. Elles n’ont aucun secret l’une pour l’autre. Quand son grand-père est parti rejoindre les étoiles, Anna s’est montrée d’un grand soutien pour Patty. Elles pouvaient évoquer leur chagrin sans gêne, sans tabou, sans regard réprobateur. La petite fille savoure chaque anecdote que son aïeule lui raconte. Elles rient beaucoup. Et surtout, Patty livre de nombreuses leçons de vie à sa chère et tendre descendance.
– On ne doit jamais abandonner dans la vie, ma chérie. Garde en tête qu’après la pluie vient l’arc-en-ciel.
– Même si c’est dur et que je suis très triste ?
– Surtout si c’est très dur et que tu es triste. Garde la foi. Tu as une grande
force en toi, ne l’oublie pas.
– J’essaierais
– Tu le dois. La vie est magnifique quand on sait la prendre. Il faut pouvoir
apprécier les choses simples. Chaque petit bonheur est un moment unique.
– Comment tu fais pour rester heureuse malgré toutes les épreuves que la vie
a mis sur ton chemin ?
– Nous avons une chance incroyable de vivre cette aventure. Nous savons,
très tôt, que nous sommes éphémères sur terre. Mais notre esprit, notre empreinte, elle, demeure dans le cœur de ceux que nous avons aimés. Mon lapin, profite et ne sois jamais amer. Il y a toujours une lueur dans les heures les plus sombres. Des signes pour garder l’espoir.
_________________________
Anna entend son chien, Jasper, remuer dans la maison. Ses parents l’appellent. Ils ont dû s’apercevoir de son absence. Anna salue le ciel, comme elle le fait toujours depuis que Mamina lui a dit qu’il fallait dire bonjour à la nature et aux étoiles qui elles, commencent leur nuit. Elle pousse la porte d’entrée et son père la serre fort.
– Bon anniversaire mon ange !
– Joyeux anniversaire ma chérie, renchérit sa mère
Jasper tourne autour de ses jambes et jappent pour lui souhaiter une belle journée. Anna les remercie et aide sa maman à préparer le petit déjeuner. C’est samedi. Tout le monde est en repos.
– Que veux-tu faire ma grande ?
– Je ne sais pas. Enfin, cet après-midi, je vais voir Mamina.
– Très bien. Et ce matin ? Tu veux aller te balader en forêt ? faire les
boutiques ?
– Chéri, elle a 15 ans. Peut-être veux-tu voir tes copines ? dit-elle en
s’adressant à sa fille
– Je les verrai lundi.
– Anna, c’est important de sortir et de voir tes amies
– Je sais. Je n’en ai pas envie.
Ses parents se regardent puis abdiquent. Anna a toujours été très solitaire, dans son monde. Elle a toujours été une enfant adorable, à l’écoute et serviable. Elle n’est pas comme les ados de son âge. Elle joue du piano dans sa chambre et danse en visionnant des vidéos sur internet. Elle écrit, beaucoup. Les rares fois où une amie est venue, cela ne semblait pas lui faire plaisir plus que ça. Elle n’éprouve pas le besoin de sortir et de faire les boutiques. « C’est barbant », comme elle dit.
Elle monte dans sa chambre préparer ses affaires et met les poèmes qu’elle a écrit dans son sac pour les donner à Patty. Elle file sous la douche, car l’heure tourne et ses parents l’emmènent au restaurant pour le déjeuner. Le téléphone sonne. Charlotte, la mère d’Anna décroche. Elle reste un moment muette, avant de poursuivre :
– Très bien. Nous viendrons cet après-midi. Les larmes emplissent ses yeux bleu azur et elle se jette dans les bras de son mari.
– Que se passe-t-il ma puce ?
– Ma mère a fait une mauvaise chute.
– On file à l’hôpital !
– Oui, cet après-midi car… elle est partie rejoindre mon père… et elle sanglote
de plus belle.
Anna s’habille, puis se précipite dans l’escalier, prête pour le déjeuner. Quand elle arrive dans le salon, l’adolescente croise le regard confus de son père et aperçoit les yeux rougis de sa mère.
– Qu’est-ce qui se passe ? Je n’ai que 15 ans. Vous m’avez encore sur les bras pour un petit moment, ironise-t-elle, ignorant tout de la situation.
– Chérie, viens t’asseoir.
Anna sent son cœur battre à tout rompre. Ce n’est pas une situation normale. Son père l’invite à s’installer entre lui et sa mère.
– Je ne sais pas comment te dire…
– Simplement, papa.
– Oui, mais ce n’est pas si simple. Euh…
– Ma puce, Mamina a…
– Annulé ?
– Non, elle…
– Je ne peux pas y aller cet après-midi ?
– Anna, ta grand-mère est morte.
Bam ! Les mots résonnent et le son se brouille. Anna sent ses jambes flageoler et sa vue devenir floue. Ses parents continuent de lui parler mais elle n’entend plus rien. Elle ne voit que leurs lèvres bouger. Sa mère l’étreint et son père sort prendre l’air sur le porche. La tristesse omniprésente l’accable.
– Chérie, dis quelque chose, demande Charlotte
– C’est le printemps aujourd’hui… sont les seuls mots qui sortent de la bouche
d’Anna.
– Ma puce… je n’ai pas de mots
– Je veux aller la voir
– Je ne sais pas…
– On a prévu de passer mon anniversaire ensemble. Je veux aller la voir.
– Très bien. Nous irons à l’hôpital cet après-midi. Elle ne sera pas prête avant
16h. Anna, tu es sûre que ça va aller ?
– J’ai besoin d’aller marcher un peu.
– Tu veux que je t’accompagne, ou ton père ?
– Non, je veux être seule.
Sur le porche, elle prend une grande inspiration, puis se dirige vers le parc. Les plantes bourgeonnent doucement, après leur dormance hivernale. Les couleurs froides de l’hiver laissent place aux couleurs chaudes du printemps. Anna s’assoit sur un banc, près de l’étang où glissent des cygnes. Elle est amusée par les grenouilles qui plongent dans l’eau ou celles qui se posent sur un nénuphar, réchauffées par les doux rayons du soleil. Les abeilles butinent joyeusement les fleurs de saison. Une coccinelle est posée sur l’arbuste près du banc. Anna sourit. Elle se met à parler à mi-voix.
– Mamina, pourquoi choisis-tu de me laisser aujourd’hui ? Je croyais que nous avions encore beaucoup de crêpes à déguster et d’histoires à nous raconter… Comment vais-je faire sans toi ? Tu es ma seule vraie amie, celle qui ne me juge pas, qui m’écoute, en qui j’ai confiance… Comment vais-je faire pour savoir que tu veilles sur moi ? Tu m’as dit de ne pas être triste. Aujourd’hui, comment dois-je faire ?
A cet instant, un papillon avec les ailes dorées vient se poser sur la main d’Anna. Il la regarde, ne bouge pas. Puis, il s’envole et danse autour d’elle avant de revenir se poser sur sa main. Anna sourit et comprend. Ainsi va la vie. Avec le temps, elle saura que Mamina veille sur elle. Dès qu’elle croisera le chemin d’un papillon et à chaque anniversaire, elle pensera à elle. Jamais elle ne pourra l’oublier. La jeune fille lève les yeux vers le ciel et remercie sa grand-mère en lui souhaitant de beaux
jours avec son grand-père qu’elle va enfin retrouver. Anna rentre chez elle, apaisée. A son arrivée, ses parents se montrent inquiets.
– Chérie, tout va bien ?
– Absolument. Allons dire au revoir à Mamina et laissons-la prendre son envol.