Marie Garnier
Présentation
Charlie, Eva, Rita, Julie et Stefy doivent encore franchir quelques obstacles pour trouver la sérénité, et constater, une fois de plus, que l‘amitié est la réponse à leurs problèmes. Entre déménagements, séparations, rencontres, joies et déceptions, leur enthousiasme va être mis à dure épreuve… mais leur optimisme reste au maximum !
J’écris sous le nom de Marie Garnier. Mon premier roman « Le G5 passe la trentaine » est paru en 2023. Je suis communicante et journaliste de métier. Ecrire est une passion, présente dans mon quotidien personnel et professionnel. L’amitié est pour moi indispensable à notre équilibre. Mon mantra : « Profite chaque jour, car demain est un mystère ».
BONUS !
Le cycle de la vie par Marie Garnier
Un vent frais se glisse sous le porche de la maison. Il est encore tôt, mais Anna souhaite profiter de la journée qui commence. Sa journée. Aujourd’hui, elle a 15 ans. Elle est emmitouflée dans son plaid noir et blanc. Il va faire beau. C’est ce qu’a annoncé Monsieur météo, hier soir. Les couleurs sont fabuleuses. On a presque l’impression que le soleil brûle et que les flammes dansent et se mêlent à l’horizon. Anna profite de cet instant paisible où la nature s’éveille et où la vie reprend doucement.
Sa grand-mère, Patty, l’a invitée cet après-midi pour déguster de bonnes crêpes au chocolat agrémentées d’un nid de chantilly. Anna passe beaucoup de temps avec sa Mamina, comme elle l’appelle. Elles sont comme les doigts de la main. Elles n’ont aucun secret l’une pour l’autre. Quand son grand-père est parti rejoindre les étoiles, Anna s’est montrée d’un grand soutien pour Patty. Elles pouvaient évoquer leur chagrin sans gêne, sans tabou, sans regard réprobateur. La petite fille savoure chaque anecdote que son aïeule lui raconte. Elles rient beaucoup. Et surtout, Patty livre de nombreuses leçons de vie à sa chère et tendre descendance.
– On ne doit jamais abandonner dans la vie, ma chérie. Garde en tête qu’après la pluie vient l’arc-en-ciel.
– Même si c’est dur et que je suis très triste ?
– Surtout si c’est très dur et que tu es triste. Garde la foi. Tu as une grande
force en toi, ne l’oublie pas.
– J’essaierais
– Tu le dois. La vie est magnifique quand on sait la prendre. Il faut pouvoir
apprécier les choses simples. Chaque petit bonheur est un moment unique.
– Comment tu fais pour rester heureuse malgré toutes les épreuves que la vie
a mis sur ton chemin ?
– Nous avons une chance incroyable de vivre cette aventure. Nous savons,
très tôt, que nous sommes éphémères sur terre. Mais notre esprit, notre empreinte, elle, demeure dans le cœur de ceux que nous avons aimés. Mon lapin, profite et ne sois jamais amère. Il y a toujours une lueur dans les heures les plus sombres. Des signes pour garder l’espoir.
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Anna entend son chien, Jasper, remuer dans la maison. Ses parents l’appellent. Ils ont dû s’apercevoir de son absence. Anna salue le ciel, comme elle le fait toujours depuis que Mamina lui a dit qu’il fallait dire bonjour à la nature et aux étoiles qui elles, commencent leur nuit. Elle pousse la porte d’entrée et son père la serre fort.
– Bon anniversaire mon ange !
– Joyeux anniversaire ma chérie, renchérit sa mère
Jasper tourne autour de ses jambes et jappent pour lui souhaiter une belle journée. Anna les remercie et aide sa maman à préparer le petit déjeuner. C’est samedi. Tout le monde est en repos.
– Que veux-tu faire ma grande ?
– Je ne sais pas. Enfin, cet après-midi, je vais voir Mamina.
– Très bien. Et ce matin ? Tu veux aller te balader en forêt ? faire les
boutiques ?
– Chéri, elle a 15 ans. Peut-être veux-tu voir tes copines ? dit-elle en
s’adressant à sa fille
– Je les verrai lundi.
– Anna, c’est important de sortir et de voir tes amies
– Je sais. Je n’en ai pas envie.
Ses parents se regardent puis abdiquent. Anna a toujours été très solitaire, dans son monde. Elle a toujours été une enfant adorable, à l’écoute et serviable. Elle n’est pas comme les ados de son âge. Elle joue du piano dans sa chambre et danse en visionnant des vidéos sur internet. Elle écrit, beaucoup. Les rares fois où une amie est venue, cela ne semblait pas lui faire plaisir plus que ça. Elle n’éprouve pas le besoin de sortir et de faire les boutiques. « C’est barbant », comme elle dit.
Elle monte dans sa chambre préparer ses affaires et met les poèmes qu’elle a écrit dans son sac pour les donner à Patty. Elle file sous la douche, car l’heure tourne et ses parents l’emmènent au restaurant pour le déjeuner. Le téléphone sonne. Charlotte, la mère d’Anna décroche. Elle reste un moment muette, avant de poursuivre :
– Très bien. Nous viendrons cet après-midi. Les larmes emplissent ses yeux bleu azur et elle se jette dans les bras de son mari.
– Que se passe-t-il ma puce ?
– Ma mère a fait une mauvaise chute.
– On file à l’hôpital !
– Oui, cet après-midi car… elle est partie rejoindre mon père… et elle sanglote
de plus belle.
Anna s’habille, puis se précipite dans l’escalier, prête pour le déjeuner. Quand elle arrive dans le salon, l’adolescente croise le regard confus de son père et aperçoit les yeux rougis de sa mère.
– Qu’est-ce qui se passe ? Je n’ai que 15 ans. Vous m’avez encore sur les bras pour un petit moment, ironise-t-elle, ignorant tout de la situation.
– Chérie, viens t’asseoir.
Anna sent son cœur battre à tout rompre. Ce n’est pas une situation normale. Son père l’invite à s’installer entre lui et sa mère.
– Je ne sais pas comment te dire…
– Simplement, papa.
– Oui, mais ce n’est pas si simple. Euh…
– Ma puce, Mamina a…
– Annulé ?
– Non, elle…
– Je ne peux pas y aller cet après-midi ?
– Anna, ta grand-mère est morte.
Bam ! Les mots résonnent et le son se brouille. Anna sent ses jambes flageoler et sa vue devenir floue. Ses parents continuent de lui parler mais elle n’entend plus rien. Elle ne voit que leurs lèvres bouger. Sa mère l’étreint et son père sort prendre l’air sur le porche. La tristesse omniprésente l’accable.
– Chérie, dis quelque chose, demande Charlotte
– C’est le printemps aujourd’hui… sont les seuls mots qui sortent de la bouche
d’Anna.
– Ma puce… je n’ai pas de mots
– Je veux aller la voir
– Je ne sais pas…
– On a prévu de passer mon anniversaire ensemble. Je veux aller la voir.
– Très bien. Nous irons à l’hôpital cet après-midi. Elle ne sera pas prête avant
16h. Anna, tu es sûre que ça va aller ?
– J’ai besoin d’aller marcher un peu.
– Tu veux que je t’accompagne, ou ton père ?
– Non, je veux être seule.
Sous le porche, elle prend une grande inspiration, puis se dirige vers le parc. Les plantes bourgeonnent doucement, après leur dormance hivernale. Les couleurs froides de l’hiver laissent place aux couleurs chaudes du printemps. Anna s’assoit sur un banc, près de l’étang où glissent des cygnes. Elle est amusée par les grenouilles qui plongent dans l’eau ou celles qui se posent sur un nénuphar, réchauffées par les doux rayons du soleil. Les abeilles butinent joyeusement les fleurs de saison. Une coccinelle est posée sur l’arbuste près du banc. Anna sourit. Elle se met à parler à mi-voix.
– Mamina, pourquoi choisis-tu de me laisser aujourd’hui ? Je croyais que nous avions encore beaucoup de crêpes à déguster et d’histoires à nous raconter… Comment vais-je faire sans toi ? Tu es ma seule vraie amie, celle qui ne me juge pas, qui m’écoute, en qui j’ai confiance… Comment vais-je faire pour savoir que tu veilles sur moi ? Tu m’as dit de ne pas être triste. Aujourd’hui, comment dois-je faire ?
A cet instant, un papillon avec les ailes dorées vient se poser sur la main d’Anna. Il la regarde, ne bouge pas. Puis, il s’envole et danse autour d’elle avant de revenir se poser sur sa main. Anna sourit et comprend. Ainsi va la vie. Avec le temps, elle saura que Mamina veille sur elle. Dès qu’elle croisera le chemin d’un papillon et à chaque anniversaire, elle pensera à elle. Jamais elle ne pourra l’oublier. La jeune fille lève les yeux vers le ciel et remercie sa grand-mère en lui souhaitant de beaux
jours avec son grand-père qu’elle va enfin retrouver. Anna rentre chez elle, apaisée. A son arrivée, ses parents se montrent inquiets.
– Chérie, tout va bien ?
– Absolument. Allons dire au revoir à Mamina et laissons-la prendre son envol.
Et pour fêter l’été, voici que Marie nous offre sa Nouvelle !
Quand une coccinelle se pose
Bientôt les vacances pour Sofia. Entre les enfants à gérer, la logistique, le boulot
et entretenir les liens, elle ne sait plus où donner de la tête. Heureusement,
quelques bouffées d’oxygène avec son chien, Alphonse, lui permettent de faire
du sport matin et soir en le promenant une heure. Elle vit à cent à l’heure depuis
que Baptiste a quitté le navire… Disons plutôt qu’il a préféré laisser Sofia gérer et
vivre pleinement sa cinquantaine. Elle s’est retrouvée, en moins de quarante-huit
heures, à devoir réorganiser leur vie. Alphonse n’a pas vu la différence puisque
son maître était aussi présent et affectueux qu’un courant d’air. En revanche,
Lola et Sam, ont mis quelques semaines à digérer cet abandon. Les notes ont
baissé, les comportements ont changé… bref, Sofia a eu tout loisir de se rendre
une dizaine de fois dans le bureau du CPE.
Encore une semaine et ils partent en vacances ! A cette perspective, Sofia revit.
Elle s’organise au travail pour boucler tous les dossiers du mois. Elle adore son
travail dans une agence évènementielle. Elle est parfois réquisitionnée en soirées
et le week-end. Avant, elle pouvait compter sur Baptiste. Aujourd’hui, elle
compte sur Hortense, une jeune fille qui vient faire des jeux et réviser les leçons
avec Lola et Sam. Du haut de ses quinze ans, Lola est passée en seconde avec
les félicitations de ses professeurs. Elle est très autonome, curieuse et adore
apprendre. Sam a des facilités, ce qui agace Lola. Il a une mémoire d’éléphant
(encore faut-il vérifier cette comparaison). À seulement onze ans, il connaît plus
de dates d’histoire et de formules de mathématiques que toute la famille
confondue. Y compris les grands-parents, les oncles, les tantes et les cousins.
Ce soir, elle a une soirée de représentation dans la nouvelle salle du bord de
mer, L’île 64. Un lieu unique : le toit est en verre et les hôtes peuvent admirer le
soleil et les nuages, la journée, et le ciel étoilé, le soir venu. Jérémy, son boss,
lui a demandé d’élaborer un programme d’animations pouvant plaire aux plus
grands actionnaires de la boîte. Mots clefs : convivialité, excellence et innovation.
Pression de dingue ! Sofia a géré, comme d’habitude. Elle a prévu un photo call
sur fond d’île paradisiaque, un blind test sur les grandes innovations depuis dix
ans et une animation d’écriture en 3D pour réaliser des tableaux avec lesquels
les invités peuvent repartir. Jérémy a trouvé « sensas’! ». Elle a les idées et lui,
les félicitations.
Elle attend l’arrivée d’Hortense avant de partir à la soirée. La jeune femme
arrive, en arborant un nouveau tatouage dans le cou.
– Salut Hortense ! Sympa ton tatouage. Tu comptes t’en faire partout sur le
corps ? lui lance Sofia avec un poil d’ironie.
– C’est l’idée, mais mes parents ne sont pas chauds. Ils disent que pour
trouver une alternance, ce n’est pas le plus simple. Franchement, les
patrons ont encore des préjugés à l’heure actuelle ? Vous avez un
tatouage, alors vous êtes bête…
– En l’occurrence, tu n’as pas qu’un tatouage et je ne pense pas qu’ils
s’agissent de préjugés mais de représentation de l’entreprise. Si tu veux
travailler dans l’artistique, tu seras sans doute recruter sans souci.
– Ah cool, merci Sofia.
– OK. Bon, Hortense, je t’ai laissé trente euros pour les pizzas. Lola finit ses
devoirs et Sam « fait une expérience », dit-elle en mimant des guillemets.
– Quelle expérience ?
– Une sarbacane avec un stylo et un pic à brochette.
– Trop bien. Et j’ai ramené un jeu, le Skyjo, vous connaissez ?
– Non, mais je suis sûre qu’ils vont adorer. Je devrais rentrer vers minuit.
– Comme Cendrillon ! dit Hortense en souriant.
– C’est ça. À tout à l’heure.
Quand elle arrive à la soirée, quasiment tous les invités sont déjà là. L’invitation
était pour 19h30. Sofia regarde sa montre : vingt heures. « Flûte ! ». Jérémy se
dirige sur elle dès qu’il l’aperçoit.
– Sofia ! Tu as vu l’heure ? Ils sont tous arrivés.
– Désolée, j’ai attendu la baby-sitter. Il me semble que tu peux gérer sans
moi, non ?
– Non, justement. Monsieur Plates, notre DG, m’a demandé pourquoi ce
choix de fond pour le photo call. Et Madame Thierry n’arrive pas à
expliquer ce qu’elle veut aux prestataires de tableaux 3D. Il faut
absolument que tu ailles les voir. Et ah oui, le traiteur demande à te voir
car il n’y avait plus crevettes et Madame Sanders cherche le menu
végétarien. C’est la cata.
– Tout de suite les grands mots. Tu parais bien sans ressources pour un
patron. Je vais d’abord gérer le traiteur et ensuite je vais aller sur les
stands d’animation. Pendant ce temps, essaie de faire du relationnel, c’est
ton job, non ?
– Insolente !
– Peut-être mais tu as tapé des pieds pour avoir ton poste alors justifie ton
salaire, lui dit-elle avec un clin d’œil
– Tu as de la chance d’être ma meilleure amie
Jérémy et Sofia ont passé leur enfance ensemble, étant voisins de rue. Ils ont
fait leurs études à la même université. Jérémy a toujours eu les yeux plus gros
que le ventre côté professionnel et Sofia a toujours couvert ses maladresses ou
méconnaissances.
Sofia se dirige vers le traiteur en grande conversation avec Madame Sanders.
– Tout va bien par ici, lance-t-elle avec un large sourire
– Je ne trouve pas de menu végétarien, répond la femme d’affaires
– Madame Sanders, il n’y a pas de menu, vous n’êtes pas au Mac Do. En
revanche, vous disposez d’un buffet dressé sur votre gauche avec des
canapés et des bowls végétariens. Concernant les crevettes, dit-elle en se
retournant vers le traiteur, ce n’est pas grave, j’imagine que vous avez un
plan B.
– En effet, j’ai préparé des accras.
– Parfait ! c’est réglé. Elle le remercie et s’éloigne.
Elle se rend sur le photo call où le DG attend une réponse.
– Cher Monsieur Plates, quel bonheur de vous avoir parmi nous ce soir !
Appréciez-vous notre photo call « évasion » ? Avec tous nos invités qui
passent leur temps à travailler, nous avions envie de leur proposer une
échappée, au moins le temps d’une soirée.
– Ah, euh, oui, j’aime beaucoup cette idée d’évasion. Je n’avais pas compris
l’idée…
– Sans doute parce que vous avez également besoin de vacances !
– C’est bien vrai, Sofia ! Merci encore pour ce travail de titan
– Avec plaisir. On se voit plus tard.
En se dirigeant vers l’animation 3D, son téléphone sonne. « Hortense » s’affiche.
Sofia a quelques suées. En six mois de bons et loyaux services, la jeune fille ne
l’a jamais appelée. Elle décroche en s’isolant.
– Hortense, tout va bien ?
– Oui, enfin, juste je voulais votre avis pour… elle s’interrompt
– Pourquoi ma grande ?
– Le pic à brochettes a blessé Alphonse sans faire exprès.
– Tu veux dire que le pic à brochettes s’est retrouvé tout seul planté dans
mon chien ? dit-elle en haussant le ton.
Sofia peut gérer toutes les situations mais si il arrive quelque chose à ses enfants
ou son chien, elle part en vrille.
– Non, bien sûr.
– Et ?
– Il saigne un peu, pas grand-chose. Je voulais savoir ce que je dois faire.
– Appelle-moi en visio.
– Ah bon ?
– Tout de suite !
La jeune femme rappelle en visio. Le visage de Sam apparaît à l’écran.
– Maman, je ne comprends pas. J’ai visé l’arbre dans la cour et le pic s’est
planté dans l’oreille d’Alphonse. Je suis désolé. Regarde, il va bien.
Il montre le chien avec un bandage autour de l’oreille. D’abord surprise, puis
agacée, Sofia finit par sourire.
– Ok, il n’a pas l’air souffrant. Vous avez désinfecté avant de mettre le
bandage ?
– Oui m’man. C’est juste un point. On pourra lui mettre un bonnet le temps
de la cicatrisation.
– Non, ça va aller chéri. Je vois qu’Alphonse va bien. Je verrai cela à mon
retour. Et ta sœur ?
– Elle bosse. Elle veut qu’on regarde un documentaire après le Skyjo…
– Parfait, le coupe-t-elle avant qu’il ne se plaigne. Il est bientôt l’heure de
vous coucher. A demain matin ! Je vous aime.
Elle se dit qu’elle a des enfants exceptionnels et qu’elle a beaucoup de chance.
Alphonse a toujours été patient avec Sam. Elle se dit : « Et c’est tous les jours
comme ça. Vivement les vacances, je sature ! ». Elle reprend son visage de
femme active et se rend aux côtés de Madame Thierry, toujours en train de
s’énerver sur le prestataire.
– Alors Madame Thierry, avez-vous choisi le modèle de votre tableau final
avec les mots ou phrases que vous souhaitez intégrer ?
– Faut juste que je fasse cela ?
– A priori. Monsieur Méta, c’est bien ainsi ? demande-t-elle au prestataire
soulagé de la voir.
– Tout à fait, Sofia. Choisissez votre modèle, madame, puis tapez ici les
mots à intégrer.
– Ah, fallait le dire ainsi, jeune homme.
Monsieur Méta regarde Sofia, confus. Elle lui lance un clin d’œil et lui murmure :
« Ne vous inquiétez pas, je la connais bien. Elle est souvent impatiente, même
en affaires ». Et elle les salue et part rejoindre Jérémy. La fin de la soirée se
déroule sans accroc, hormis le tableau de Madame Thierry pas conforme à ses
souhaits puisque le mot impatiente a échappé aux doigts du prestataire et s’est
retrouvé dessus. Un acte manqué. Tous les invités se sont amusés, Jérémy a
déchargé son stress sur Sofia qui a assuré sur tous les fronts. Epuisée, elle
rentre enfin chez elle. Quand elle rentre, Alphonse arrive avec son bandage sur
l’oreille pour lui dire bonjour. Elle s’accroupit regarde l’ampleur des dégâts : une
égratignure. Elle sourit, le caresse et découvre Hortense endormie sur le canapé.
Elle la réveille doucement.
– Hortense, ma grande, Tout s’est bien passé ?
– Ah, bonjour. Oui, impeccable. Ne vous inquiétez pas je vais rentrer toute
seule.
– Non, mets-tes chaussures, on y va. Alphonse sera content de cette balade
nocturne.
Elle prend Alphonse et raccompagne Hortense à deux pâtés de maison. Alphonse
apprécie grandement cette balade improvisée. De retour, elle prend sa douche et
se met au lit.
La semaine au travail se déroule calmement et Sofia reçoit une bonne vingtaine
de mails de remerciements pour la soirée. Arrive vendredi soir. « Demain, on
part en vacances », dit-elle aux enfants. Elle s’assoit sur les marches de son
perron avant de les rejoindre pour finir de boucler les valises. Elle soupire longuement, heureuse de ce moment de répit. Son sourire s’efface en pensant à
ces six mois vécus de façon intense sur tous les plans et se dit intérieurement
qu’ils ont survécu.
Elle regarde sa main où une coccinelle s’est posée et son
sourire revient.